dimanche 28 juin 2009

Éditorial stable d'Asile

Éditorail ou "Le pourquoi d’Asile ?"

Parce que nous croyons en la réalité, mais doutons de ses capacités lorsque cramponnée dans la matière. Parce que sans Imagination, il n’y a rien. Parce que s’écarter, c’est le refus de l’assise. Parce que nous croyons en la science, même fictive. Parce que le Fantastique est riche en divertissement, mais si vide lorsque satellite d’une absence de conscience philosophique, politique, éclectique; d’un soleil qui brûle tout, même son propre orbite. Parce que l’anticipation, avant toute forme de contestation, est essentielle à la compréhension. Parce que c’est par la réaction que naît la renaissance. Parce que l’énorme potentiel des avant-gardes tombe de plus en plus dans l’oubli. Parce que le Doute et la déconstruction du Tout permettent de poser le pied sur de nouvelles et anciennes vérités. Parce que la pureté de la pensée n’est possible que par l’abstraction de l’irréel. Parce que l’hors-cadre importe plus que ce qui nous est montré. Parce que depuis trop longtemps, on a oublié ce lieu, encore vaste et inexploré, qu’on nomme le Surréel. Parce que le langage n’est pas fiable et qu’avec lui se perpétue l’amollissement intellectuel. Parce qu’en décortiquant la littérature, on en atteint le cœur. Parce qu’à la stérilité de la matière moderne, il nous faut – pour résister - encore brandir le fertile ciel de la fantasmagorie.

À première vue, la création d’une nouvelle revue littéraire – ou fanzine – alliant Fantastique et Science-fiction pouvait sembler plutôt banale devant l’affluence toujours croissante et la popularité de ces genres de l’imaginaire sur la scène québécoise. À seconde vue, il en était de même. Et à troisième vue, il en était tout autre puisque réapparaissaient ces fantômes qui furent si présents durant ce si lointain vingtième siècle : les avant-gardes. C’est-à-dire les formes et moyens d’approfondissement de l’existence, langue, pensée, psyché, société, politique, poésie, etc. de ces nombreux courants artistiques réactionnaires nés entre les travers de l’académie humaine. Alors, nous vint l’idée de mettre en commun les différents thèmes et dadas qui habitaient ces trois directions : la propension critique et futuriste de la science-fiction, les merveilles et inquiétantes étrangetés du fantastique et les " cris de l’esprit " et autres déviations stylistiques émanant des avant-gardes.

Avec ce biannuel, nous espérons voir s’ériger un lieu d’échanges d’idées et/ou un asile où pourra se développer une folie tenace et, plus que jamais, logique.


David B. Lachance
Directeur d’Asile